De la libération des camps au retour des déportés juifs
(janvier - été 1945)

  • ENS de Lyon
  • USC Shoah Foundation
  • Fondation pour la mémoire de la Shoah
  • Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes
  • Institut Universitaire de France
  • Ville de Lyon
Vous êtes ici : Accueil

De la libération des camps au retour des déportés juifs

 

L'exposition

Femmes de retour de déportation dans Lyon (© Editions BGA Permezel)
Femmes de retour de déportation dans Lyon (© Editions BGA Permezel)

Dans cette exposition, le choix a été fait de faire entendre la parole des rescapés. En histoire, le témoin est un vecteur privilégié pour accéder à la connaissance. Le récit qu’il délivre procède toutefois d’une reconstruction du passé : il n’est pas l’histoire, à proprement parler, mais une mémoire des événements à un temps donné. Il délivre des informations sur la perception de l’histoire collective et de l’expérience individuelle. Il est pour l’historien une source importante pour guider la réflexion et contribuer, aux côtés d’autres sources et archives, à l’appréhension du passé.

Les 30 témoins présentés ici ont tous été interviewés par l’USC Shoah Foundation, fondée par le réalisateur Steven Spielberg après la sortie du film Schindler's List (1993). Cette vidéothèque, qui compte plus de 52 000 témoignages de survivants de la Shoah et d’autres génocides et crimes de masse, est accessible à l’École normale supérieure de Lyon depuis l’automne 2014.

Quatre entrées délivrent des récits de rescapés, évoquant les étapes suivantes : la libération par les armées alliées et les premiers contacts avec les soldats ; la prise en charge des déportés et le rapatriement ; l’arrivée en France, le passage par les centres d’accueil et les incertitudes liées au retour ; enfin, le temps de l’ « après », celui de la reconstruction et de la tentative de redonner un cours « normal » à l’existence. Chaque entrée donne accès à un ensemble documentaire qui éclaire le parcours des témoins : biographies, photographies, itinéraires cartographiés de la déportation.

À l’heure où les témoins des événements tragiques évoqués dans le cadre de cette exposition se raréfient, la mémoire a plus que jamais vocation à être entendue et interrogée. L’École normale supérieure de Lyon entend contribuer à ce questionnement, essentiel à la compréhension de nos sociétés, par les ressources qu’elle héberge et les outils qu’elle développe.

Contexte historique

En gare de Perrache065.jpg
Arrivée le 13 avril 1945 en gare de Perrache de 235 femmes libérées du camp de Ravensbrück (© Archives Le Progrès)

La progression des armées alliées, lancées à l’assaut du IIIe Reich, a un impact direct sur le système concentrationnaire nazi. Elle incite la machine de guerre SS à évacuer les prisonniers des camps de concentration et d’extermination, dans le but de dissimuler, autant que possible, aux yeux des Alliés, les preuves vivantes de ses crimes. Commencent alors ces marches forcées connues sous le nom de « marches de la mort », qui cherchent à diriger les prisonniers vers l’intérieur du Reich.

L’évacuation n’est pas la libération. Elle se solde au contraire par la mort de milliers de déportés, terrassés par le froid, la faim, les coups et l’épuisement. Ceux qui ne peuvent plus avancer sont abattus sur place. 

La libération des déportés se déroule pendant plusieurs mois, au gré de l’avancée des troupes alliées, de juillet 1944 (camp de Majdanek) à mai 1945 (camp du Stutthof). Les SS ont abandonné les prisonniers là où ils se trouvaient, au cours des marches ou dans les camps, pour ceux qui n’avaient pas la force de marcher. Les libérateurs soviétiques, américains et britanniques découvrent alors l’horreur de l’univers concentrationnaire et organisent les premiers secours pour prendre en charge une population épuisée tant physiquement que psychiquement. Entre la libération et l’acheminement en France des déportés, plusieurs mois vont s’écouler. Dans une Europe en guerre, jusqu’à la capitulation allemande du 8 mai 1945, le retour est constitué de trajectoires complexes et chaotiques, qui transitent par des étapes médicales et administratives, pour s’achever, bien souvent, dans la découverte tragique de la disparition des siens.