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Après la déportation

 

Se reconstruire

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Atelier de cordonnerie de l’ORT au centre d’hébergement de déportés et réfugiés juifs, château d’Hénonville (Oise), en 1947. (Archives ORT-France)
La libération n’est pas la fin de l’histoire de la déportation et des déportés : après avoir connu les camps de travail ou survécu aux camps de la mort, retourner à la vie est une épreuve.

Une fois dissipée la menace constante sur leur vie vient pour les déportés le temps du deuil : rarement attendus à leur retour, ils doivent faire face à la disparition des leurs ; ils partagent aussi la souffrance et les attentes déçues de ceux qui ne voient pas revenir leurs proches. Il faut aussi faire face aux spoliations : la restitution des biens volés suppose souvent de pénibles démarches, y compris judiciaires.

 

Accéder aux témoignages

 

Le deuil est aussi celui de communautés, de cultures partagées. La vie juive (magasins casher, synagogues, consistoires) peine à se réorganiser dans la France de 1945. Mais dans l’immédiat après-guerre, la priorité n’est pas donnée à la reconstitution de cette culture juive : beaucoup, même, souhaitent y renoncer, en changeant de nom par exemple, de peur de subir à nouveau la persécution.

Tous effectuent un travail de reconstruction, d’abord physique. Le retour à une alimentation complète et équilibrée n’a rien d’évident, en particulier dans un contexte de rationnement qui perdure. La reconstruction est aussi psychologique. De jeunes juifs, orphelins, sont pris en charge dans les maisons de l’Oeuvre de secours aux enfants (OSE). Diverses organisations juives d’aide sociale tels que le Comité juif d’action sociale et de reconstruction (COJASOR) ou l’Organisation Reconstruction Travail (ORT) viennent en aide aux rescapés qui s’efforcent de reprendre une existence « normale ».

Nombreux sont ceux qui abandonnent rapidement toutes perspectives d’études et s’improvisent un métier, tel Émile Levasseur, dont on peut ici visionner le témoignage. Certains autres, au contraire, parviennent à reprendre leurs études, effectuant de brillantes carrières, à l’instar de Simone Veil, qui deviendra magistrate et ministre de la Santé. Il y a aussi ceux que l’histoire emporte vers d’autres horizons et champs de bataille, en Palestine ou dans l’empire colonial français.

Vivre avec la déportation


Les rescapés doivent vivre avec la lourde expérience de la déportation. Face à la gêne ou à l’incompréhension de leur entourage, le silence semble souvent s’imposer. Le psychothérapeute Siegi Hirsch, déporté en 1942 à l’âge de 17 ans, a pu dire que « le refoulement était nécessaire pour que la vie émerge ». Des recherches récentes ont pu toutefois montrer que l’évocation du génocide fut immédiate en France, dans la société d’aprèsguerre, nuançant ainsi l’idée d’un sujet tabou. Études, récits, articles de presse, films contribuèrent rapidement à la connaissance de l’extermination des Juifs d’Europe.

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Sarah Montard dans un collège à Colombes (Hauts-de-Seine) en 2013

Dans le processus de reconstruction de l’individu, la résilience joue un rôle central. Le psychanalyste Boris Cyrulnik, lui-même enfant caché pendant la guerre, définit cette notion comme « la capacité à se développer quand même dans des environnements qui auraient dû être délabrants.» L’existence ultérieure des survivants a été déterminée par leur capacité à surmonter cette expérience. Certains ont structuré leur vie autour d’un impérieux besoin de justice et de mémoire, à l’image de Beate et Serge Klarsfeld fondateurs en 1979 de l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France (FFDJF).

Le témoignage, puis sa transmission, a pris une place importante dans la vie des rescapés, tant dans un cercle familial et associatif, qu’universitaire et scolaire. « Mais si nous qui sommes encore là, on ne parle pas de ceux qui ne sont pas rentrés, qui n’ont pas eu le choix de pouvoir rentrer ou ne pas rentrer, alors on aura vécu tout cela pour rien », estime Nicole Clarence dans son témoignage.

En 2016, les voix des rescapés demeurent un appel à la connaissance et au souvenir des faits qui mirent à l’épreuve l’Humanité il y a 71 ans.

Les témoignages

Régine JACUBERT

Dans cet extrait, Régine Jacubert raconte comment, après son retour en France, elle a pris le train pour rejoindre Nancy. Elle évoque son appréhension et l’indifférence des autres passagers.

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Emile LEVASSEUR

Dans cet extrait, Emile Levasseur raconte comment la vie s’est organisée avec ses frères après son retour.

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Édouard AXELRAD

Dans cet extrait, Édouard Axelrad relate son retour en France et son passage à l’Hôtel Lutetia. Il raconte comment il apprit la mort de sa mère et de son frère. Il parle de la difficulté à reprendre le cours d’une vie normale.

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Simon DRUCKER

Dans cet extrait, Simon Drucker raconte comment, ayant perdu tous les siens dans la déportation, il prit la décision de partir pour la Palestine après la guerre.

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Jean-Louis STEINBERG

Dans cet extrait, Jean-Louis Steinberg évoque la difficulté de parler de son expérience de déportation dans la France d’après-guerre.

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Éliane PICARD

Dans cet extrait, Éliane Picard évoque la difficulté qu’elle a éprouvée, pendant longtemps, à raconter son expérience. Elle parle aussi du sentiment de haine qui l’a aidé à tenir durant sa déportation.

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Nicole CLARENCE

Dans cet extrait, Nicole Clarence évoque l’importance de conserver la mémoire de ceux qui ont disparu dans la déportation.

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