Régine JACUBERT
Dans cet extrait, Régine Jacubert raconte comment, après son retour en France, elle a pris le train pour rejoindre Nancy. Elle évoque son appréhension et l’indifférence des autres passagers.
Régine Jacubert (née Skørka) est née le 24 janvier 1920 à Zagorow, Pologne. Son père, Yacob Skørka enseigne l’Hébreu et le Yiddish dans une yeshivah. Sa mère, Slatka Szejman, est modiste. Elle a trois frères. La famille est arrivée en France en 1930, s’installant à Nancy.
Réfugiée à Bordeaux avec les siens après l’invasion allemande en 1940, Régine rentre seule à Nancy où elle travaille. Le reste de sa famille est arrêté et interné. À Nancy, elle échappe à la grande rafle du 19 juillet 1942 et passe clandestinement en zone Sud. À Lyon, où elle a trouvé un travail, elle entre dans le mouvement de résistance Combat, en janvier 1943.
Arrêtée en juin 1944, elle est interrogée à la Gestapo, notamment par Klaus Barbie. Transférée à Drancy, elle est déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi du 31 juillet 1944. Au bout de trois mois, elle est transférée au camp de travail pour femmes de Kratzau, annexe de Gross-Rosen, en Tchécoslovaquie. Là, elle travaille dans une usine d’armement.
Le camp est libéré par l’Armée rouge le 9 mai 1945. Régine Jacubert rentre en France le 3 juin 1945.
À la fin des années 1980, elle témoigne au procès de Klaus Barbie. Elle s’investit pleinement dans le travail de mémoire et la transmission de son expérience aux jeunes générations. En 2009, elle a publié un livre sur ses expériences pendant la Shoah, intitulé Fringale de vie contre usine à mort (Édition Le Manuscrit/FMS, 2009).
L’interview a été réalisée le 7 février 1996 à Nancy (France). L’intervieweur était Georges Gandwerg et le caméraman Daniel Cattan (© USC Shoah Foundation).