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André CHOMAND

Dans cet extrait, André Chomand parle de la dureté des conditions de travail dans les camps, de la complicité qui s'y noue avec son père.

André Chomand est né le 10 octobre 1929 à Varsovie (Pologne) sous le nom de Abraham Chomentowski. Il a quatre frères, Herka, Henri, Jacob et Tino. Les cinq enfants et leur mère Kajla quittent la Pologne pour la France en 1930, où ils rejoignent Chaïm, leur père et mari, parti s’y installer un an plus tôt. À Paris, ils habitent le XIXème arrondissement, 8 rue des Bois. Chaïm exerce la profession de boutonniériste. La famille est juive mais non pratiquante.

Quand la guerre éclate, les Chomentowski se réfugient un temps aux Sables d'Olonne (Vendée) puis rentrent à Paris, après la défaite française de juin 1940. Ils échappent de peu à la rafle du Vél’ d'Hiv’ grâce au directeur de l’entreprise où travaille Henri, l’un des frère d’André, qui les cache pendant huit jours dans un réduit de l'usine. Ils se réfugient ensuite chez un proche, avant que Chaïm ne parvienne à trouver un passeur pour la zone Sud. Ayant pris un train le 4 août 1942, les Chomentowski sont arrêtés à la Guerche-sur-l’Aubois (Cher), victimes d’une dénonciation de leur passeur. La police française les achemine en direction de Bourges où ils sont séparés. Ils y restent quinze jours puis sont conduits à la prison militaire d'Orléans avant d’être transférés au camp de Drancy.

Les membres de la famille sont déportés par différents convois à destination d’Auschwitz. « L'horreur commençait là », raconte André, déporté par le convoi du 26 août 1942. Le trajet dure trois jours mais son train s'arrête en plein champ. Un officier demande alors aux hommes de sortir. Âgé de 15 ans et demi André sort avec son père, laissant Jacob – douze ans – dans le wagon. Quand les officiers lui demandent son âge, il répond qu'il en a 18. André et Chaïm montent dans un camion qui les emmène à Sankt Annaberg, en Saxe. Ils y travaillent pendant trois jours et sont envoyés au camp de Peiskretscham (Psykowice, Pologne). Là, ils œuvrent à la construction d'une gare de triage, dans des conditions très difficiles. Leur seul contact avec le monde extérieur a lieu le matin, quand ils traversent un petit village pour se rendre à leur chantier : des enfants les attendent pour leur jeter des pierres.

André et son père demeurent dans ce camp jusqu'en 1944, puis ils sont transférés à Blechhammer. Évacué en janvier 1945, ils sont dirigés vers le camp de Gross-Rosen où ils ne restent que trois jours. Ils sont ensuite emmenés à Buchenwald qu’ils atteignent le 6 février 1945 et d'où Chaïm parvient à s'échapper. André est ensuite conduit à Flossenbürg. Le 23 avril 1945, quelques jours après son arrivée, le camp est libéré par l’Armée américaine.

Rapatrié en France, André passe par l’hôtel Lutetia avant d’avoir la surprise de retrouver son père. Le reste de sa famille a péri dans les camps, hormis son frère Herka, qui s’engage dans l’armée puis part fonder une famille en Angleterre.

André Chomand a toujours eu beaucoup de difficultés à évoquer sa déportation. Sa femme ne connaît son histoire que par bribes.

L'interview a été réalisée à Paris le 19 mai 1955 par Norbert Lypszic (© USC Shoah Foundation).

« Premiers contacts avec les Alliés » : Autres témoignages

André CHOMAND
  • Né le 10 octobre 1929
  • arrêté le 4 août à la Guerche-sur-l’Aubois (Cher)
  • incarcéré à la prison d'Orléans puis au camp Drancy
  • déporté le 26 août 1942
  • camp de Sankt Annaberg
  • camp de Peiskretcham
  • camp de Blechammer
  • camp de Gross-Rosen
  • camp de Buchenwald
  • camp de Flossenbürg.