Simone LAGRANGE
De son nom de jeune fille Kadosche, Simone Lagrange est née le 23 octobre 1930 à Saint-Fons, à côté de Lyon. Originaires du Maroc, ses parents, Simon et Rachel Kadosche, ont rejoint la France dans les années 1920.
Pendant la guerre, son père aide au transfert de réfugiés de la zone Nord et transporte des armes. De son côté, Simone n’est encore qu’une jeune adolescente lorsqu’elle accomplit ses premiers actes de résistance. Elle profite des alertes aériennes, pendant lesquelles elle a la charge de guider vers les abris des personnes âgées, pour diffuser des tracts de la Résistance.
Trahie par une personne qu’elle hébergeait, la famille est arrêtée le 6 juin 1944 et emmenée à la Gestapo, place Bellecour à Lyon. Ce jour-là et les suivants, alors que Simone et ses parents ont été emprisonnés à la prison de Montluc, la jeune fille est brutalisée par Klaus Barbie, chef de la Gestapo de la région lyonnaise, qui cherche en vain à savoir où se cachent ses frères et sœurs. Transférées au camp de Drancy, Simone et sa mère y demeurent une semaine avant d’être déportées à Auschwitz par le convoi du 30 juin 1944. En trichant sur l’âge de sa fille, la mère de Simone lui permet d’échapper à la chambre à gaz. Elle est elle-même gazée le 23 août 1944.
Après cinq mois à Birkenau, Simone est transférée au camp d’Auschwitz I. Elle travaille dans une usine jusqu’à l’évacuation du 18 janvier 1945. Au cours de la marche forcée qui s’ensuit, Simone retrouve son père qu’elle n’avait pas revu depuis Montluc. Les retrouvailles sont brutalement interrompues par un soldat SS qui l’assassine sous ses yeux. Épuisée, elle échoue au camp de Ravensbrück, quelques jours plus tard, où elle intègre un Kommando. Lors de l’évacuation du camp, en mai 1945, elle s’échappe du convoi avec une compagne d’internement. Le 8 mai, les fugitives rencontrent des soldats de l’Armée rouge avant de pénétrer dans la zone américaine à quelques dizaines de kilomètres de là. Après bien des détours, Simone finit par rentrer à Paris le 27 mai 1945.
En 1987, elle sera un témoin majeur au procès de Klaus Barbie, accusé de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la Gestapo pendant la guerre. Elle continue aujourd’hui de transmettre son expérience en intervenant auprès des lycéens.
L’interview a été menée à Seyssinet le 14 octobre 1995. L’interviewer était Gérard Darcueil et le caméraman Denis Cugnod (© USC Shoah Foundation).