Vous êtes ici : Accueil / Retour et accueil en France / Myriam DAVID

Myriam DAVID

Dans cet extrait, Myriam David relate son retour à Paris et les difficultés que sa sœur Christiane et elle ont éprouvées pour reprendre pied dans la réalité quotidienne.

Dans cet extrait, Myriam David relate son retour à Paris et les difficultés que sa sœur Christiane et elle ont éprouvées pour reprendre pied dans la réalité quotidienne.

Myriam David naît le 15 mars 1917 à Paris où elle grandit avec ses sœurs aînées, Christiane et Monique. Son père est à la tête d’une petite entreprise de fabrique d’imperméables qu’il a fondée. La famille, qui est de sensibilité rationaliste, ne pratique pas le judaïsme et n’observe pas les grandes fêtes religieuses juives. Elle est, en revanche, attentive aux manifestations d’antisémitisme et aux événements liés à l’avènement du nazisme en Allemagne.

Après une scolarité au lycée Molière, Myriam entreprend sa médecine. Après la défaite de 1940, devant les menaces grandissantes à l’endroit des Juifs, en particulier les premières rafles organisées à Paris, sa belle-mère et son père – remarié suite au décès de sa femme quand Myriam avait 8 ans – gagnent la zone non occupée en 1941. Myriam passe sa thèse de médecine en juillet 1942 l’avant-veille de la rafle du Vél‘ d’Hiv’ et quitte Paris le surlendemain pour passer en zone sud.

À Lyon, elle entre dans le mouvement de résistance Combat en novembre 1942. Par son cousin Philippe Lazare-Lévy, elle est présentée à Jean-Guy Bernard, haut responsable de Combat, avec qui elle travaille en liaison étroite. En mars 1943, elle remonte à Paris et épaule Jean-Guy Bernard en charge du mouvement Résistance-Fer. Elle est arrêtée le 26 décembre 1943. Internée à Blois, interrogée brutalement par les Français et par la Gestapo, elle apprend que sa sœur Christiane a été arrêtée. Toutes deux sont envoyées à Drancy parce qu’elles sont juives. Elles sont déportées le 13 avril 1944 à Auschwitz.

L’arrivée à Birkenau est restée gravée en elle. Tonte, tatouage, déshabillage, distribution de frusques en guise de vêtements, c’est tout un processus déshumanisant et déstructurant qui se dévoile. Elle découvre les déportées en guenilles avec les coups, insultes, misères qui sont leur lot ordinaire. Myriam intègre le Revier (hôpital du camp) comme médecin, expérience qu’elle décrit comme une descente aux enfers. La mortalité y est effrayante. Elle fait ce qu’elle peut comme elle peut. Sa description du quotidien à Auschwitz-Birkenau jette un éclairage cru sur la réalité de l’horreur concentrationnaire.

À la fin du mois d’août 1944, les deux sœurs sont envoyées au camp de Taucha, annexe de Buchenwald. Myriam y fait office de médecin, puis travaille à l’usine avec sa sœur. En avril 1945, c’est l’évacuation du camp et la longue marche, épuisante, périlleuse, désespérante. Les sœurs faussent compagnie à leurs gardiens le 1er mai. Elles errent de cachette en cachette avant d’apprendre le 8 mai la capitulation allemande. En se débrouillant par elles-mêmes, elles regagnent Paris en train, puis en car. Elles retrouvent leurs parents et leur sœur Monique. Des 14 déportés de leur famille, elles sont les seules à rentrer.

Myriam éprouve les pires difficultés à reprendre pied dans la vie. Elle est hantée par la mort de Jean-Guy Bernard et de son cousin Philippe, s’estimant responsable de leur arrestation. Elle travaille dans des dispensaires mais se sent piètre médecin. Il lui faudrait faire des lectures spécialisées pour se mettre à niveau mais elle est incapable de fixer son attention. En 1946, une bourse lui permet de séjourner trois ans à Baltimore et à Boston et de retrouver le fil de sa vie de médecin. De retour à Paris en 1950, elle devient une spécialiste reconnue de la psychothérapie des enfants.

Myriam David est décédée le 28 décembre 2004.

Myriam David a été interviewée à Paris le 16 avril 1996 par Monique Novodorski (© USC Shoah Foundation).

« Retour et accueil en France » : Autres témoignages

Myriam DAVID
  • Née le 15 mars 1917 à Paris
  • activités de résistance (mouvements Combat et Résistance-Fer)
  • arrêtée le 26 décembre 1943
  • déportée à Auschwitz le 13 avril 1944
  • transférée au camp de Taucha, annexe de Buchenwald, fin août 1944
  • s’évade en avril 1945 au moment de l’évacuation du camp
  • psychothérapeute pour enfants dans l’après-guerre
  • décédée en 2004.