Nicole CLARENCE
Dans cet extrait, Nicole Clarence raconte son retour en France et son passage au Lutetia. Elle relate comment, accueillie chez une cousine, elle s’est mise à raconter sa déportation.
Nicole Clarence est née le 3 août 1922 à Paris de parents juifs français, parfaitement intégrés, et sans tradition religieuse.
Au moment de la débâcle française, en juin 1940, la famille part pour le Sud et s’installe à Nice puis à Marseille. Nicole entre alors aux Éclaireurs de France et devient cheftaine de louveteaux. C’est par son implication dans ce mouvement qu’elle entre en résistance. Elle effectue ainsi diverses missions. Nicole rencontre par la suite Eugène Claudius-Petit, responsable du mouvement Franc-Tireur, lors d’un camp d’été d’art dramatique. Recrutée, elle effectue diverses missions. À Grenoble, elle est arrêtée une première fois par un agent de la Gestapo qui finit par la relâcher. Elle travaille ensuite à Lyon avant de partir se réfugier en Savoie avec ses parents. Là, la famille héberge des opérateurs radios. Par la suite, la famille se disperse.
Nicole entre en contact avec le réseau Buckmaster «Acolyte» pour lequel elle effectue des actions de sabotages, des transports d’armes et des parachutages. En danger, elle est envoyée à Paris en septembre 1943, où elle travaille pour les Mouvements unis de Résistance (MUR), devenus Mouvement de Libération nationale (MLN) fin 1943.
Arrêtée place de Breteuil le 4 août 1944, Nicole Clarence est torturée pendant plusieurs jours à la Gestapo de la rue de la Pompe avant d’être transférée à la prison de Fresnes. Déportée à Ravensbrück par le convoi du 15 août 1944, elle est affectée à un Kommando à Schoenefeld, à côté de Leipzig, avec un groupe de Françaises. Travaillant dans une usine, les femmes se livrent à de discrètes actions de sabotage. En avril 1945, le Kommando est évacué. Avec huit autres prisonnières, Nicole s’échappe sur la route et finit, après quelques jours d’errance, par rencontrer les troupes américaines. Il lui faudra encore quelques semaines pour atteindre Paris où elle retrouve sa famille, le 21 mai 1945.
Dans l’après-guerre, Nicole Clarence mène une carrière de journaliste au sein de l’agence Magnum, puis du magazine Elle et du Figaro Madame. Elle se consacre par la suite à la peinture. Nicole Clarence est décédée en 2007.
L’interview a été réalisée le 16 février 1996 à Paris. L’interviewer était Hélène Lévy-Wand Polak et le caméraman Mark Niedelson (© USC Shoah Foundation).